Être
un demandeur d'emploi, c'est bien. Être un offreur de services c'est mieux.
Parce que le demandeur d'emploi demande et l'offreur de services offre. Tout
est dans le verbe.
"Pourriez-vous
me donner un emploi s'il vous plaît ?"
Ça
c'est demander un emploi. Aujourd'hui, ça ne marche plus. Ça ne suffit plus
pour donner envie aux recruteurs de vous contacter, vous rencontrer, vous
RECRUTER.
Postuler
toute la journée sur des sites internet ? Attendre gentiment que le recruteur
vous appelle ? Envoyer plein de mails non personnalisés ? C'est ça votre
objectif ? C'est ça que vous avez trouvé comme solution pour vous
démarquer des autres candidats? Ne l'oubliez pas, vous n'êtes pas
seul(e) à chercher un emploi. Il y a une file d'attente de 150 mètres avant
vous. Eh oui la pile de CV est souvent bien garnie.
Parmi
les chercheurs d'emploi, il y a :
- Les professionnels en poste qui
recherchent une herbe plus verte ailleurs
- Les chômeurs
- Les étudiants qui n'aiment pas
être sous-rémunérés en stage ou alternance
- Les gens qui attaquent le marché caché
- Les professionnels faisant
partie du réseau du recruteur ou de l'opérationnel
Vous
pouvez quémander un RDV, prendre votre ticket et attendre que le panneau
affiche "numéro 178". Sinon vous pouvez faire autrement. Alors
comment passe-t-on de demandeur d'emploi à offreur de services ? Comment créer
une relation "gagnant-gagnant" ?
Question
de méthode.
Phase n°1
: L'attitude
Vous
n'êtes plus des enfants !
Vous
ne l'avez peut-être pas remarqué mais le demandeur d'emploi a tendance à faire
l'aumône.
Demandeur
d'emploi inquiet : "Pourriez-vous m'embaucher ? J'ai une famille à nourrir
!"
Demandeuse
d'emploi confiante : "Je suis géniale. Laissez-moi vous le prouver !"
Demandeur
d'emploi découragé : "Un tout petit RDV de quelques minutes, s'il vous
plaît, S'IL VOUS PLAÎT !"
C'est
triste à dire mais un professionnel qui fait l'aumône, ça ne donne pas envie.
Adopter cette attitude vous fait passer dans 100% des cas pour une personne
désespérée. Personne n'aime
les désespérés. Le recruteur n'est pas là pour faire de la charité.
Son rôle est de trouver le meilleur profil pour un poste précis.
De
plus, le demandeur d'emploi a tendance à adopter une posture basse. Il baisse
la tête, fuit le dialogue, n'ose pas poser des limites. Après une journée
harassante à envoyer des tonnes et des
tonnes de CV, le demandeur d'emploi attend désespérément un
signe du recruteur...
Mais
pourquoi vous faites ça ?
En
recherche d'emploi, jouer sur les sentiments ne marche pas. Être hésitant ne
marche pas non plus. En revanche, être
hyper-pragmatique et adopter
une posture haute, ça aide ! Vous devez vous comporter comme l'égal du
recruteur. Car vous l'êtes.
Vous
avez le droit de rentrer en contact direct avec lui.
Vous
avez le droit de rechercher son adresse mail pour lui envoyer un message.
Vous
avez le droit de lui proposer une rencontre physique pour faire connaissance.
Vous
avez le droit de mettre en avant vos compétences, vos atouts, avant même qu'il
ne vous le demande !
Oubliez
le maître d'école. Dans l'ère de jeu de la recherche d'emploi, vous n'êtes pas un élève.
Je suis toujours étonnée lorsque je reçois des messages de chercheurs qui me
disent "Je ne vais pas aller sur le profil Linkedin du recruteur, il
risque de me voir...".
Comment voulez-vous qu'on vous prenne au sérieux si
vous vous cachez comme un enfant ?
Faisons
preuve de pragmatisme et oublions la théorie quelques minutes...
Vous
êtes-vous déjà posé cette question : Qui est la personne la mieux placée pour
me recruter ? Pour comprendre mon profil ? Le recruteur ou l'opérationnel ?
Celui qui cherche mon profil ou celui qui le définit ? Il est tout à fait
normal de rentrer en contact avec la personne qui a besoin de VOUS pour
travailler : l'opérationnel a la responsable achats, le responsable logistique,
le directeur SI, la directrice marketing...
L'offreur
de services va droit au but : il
s'adresse à l'opérationnel. Il parle métier avec la personne la plus apte à le
comprendre. Il n'attend pas que le recruteur lui donne la permission. Qui vous
a dit que vous deviez uniquement parler au recruteur?
Vous
pouvez contacter n'importe quel professionnel en entreprise !
Phase n°2
: Le message
L'art de
se dévoiler
Rédiger
une magnifique lettre de motivation en 3 semaines, refaire pour la 36ème fois
votre CV, créer un flip book professionnel... Tous
ces outils sont intéressants. Mais y passer beaucoup beaucoup BEAUCOUP de temps
pour les rendre parfaits, ça ne sert à rien. Pendant ce temps, d'autres
candidats passent devant vous. Ces personnes vont en entretien. Pas vous.
Je
le dis souvent - peut-être pas assez - ce
n'est pas l'outil le plus important. Mais
le message. Votre message. Que voulez-vous dire à
l'opérationnel, au recruteur ? Comment allez-vous convaincre ? Comment
allez-vous présenter vos compétences, vos atouts ?
Savez-vous
répondre à la fameuse question "Parlez-moi de vous..." ?
Le
demandeur d'emploi travaille à la perfection ses outils. La première chose que l'offreur
de services fait ? Il travaille à la perfection son message.
L'offreur
de services est prêt à tout instant à parler de ses compétences. Les
opportunités tombent souvent quand on ne s'y attend pas. Et ce à n'importe quel
moment. Il n'y a pas d'heure, ni de date ni d'endroit précis pour discuter avec
un opérationnel, un recruteur. Un salon professionnel, un dîner entre amis, une
promenade dans un parc, un coin de rue : tout est possible ! Heureusement,
l'offreur de services ne craint pas ces éventuelles
rencontres inattendues.
Et
sur les réseaux sociaux ? Même constat : les demandeurs d'emploi ignorent
l'importance du message. La PUISSANCE du message.
Lorsqu'un
demandeur d'emploi tente de rentrer en contact avec un opérationnel ou un
recruteur sur Linkedin ou autres réseaux sociaux, c'est le même désarroi
qu'avec les messages d'approche sont insipides, sans
enthousiasme et terriblement
vides d'informations pertinentes.
Pour
écrire un message d'approche qui sera lu par le recruteur ou l'opérationnel, la
question n'est pas de se demander "Comment".
Comment
j'écris mon message ? En combien de lignes ? Comment je conclue le message ?
Comment je lui demande un échange téléphonique ?
Vous
tombez toujours dans le piège... Ce que vous devez faire c'est vous concentrer sur le contenu du message et
non sur la forme. Laissez tomber le "Comment"... Il ne vient qu'en
dernière étape. La vraie question à se poser est "Pourquoi".
Pourquoi
je vous contacte ?
Pourquoi
votre projet m'intéresse ?
Pourquoi
je souhaite vous apporter des choses ?
Pourquoi
j'ai choisi ce métier ?
Pourquoi
nous devons nous rencontrer ?
En
expliquant "Pourquoi" au recruteur, vous racontez votre histoire et
vous donnez du sens à votre prise de contact. Ainsi, vous répondez à sa fameuse
question "Parlez-moi de vous..." sans qu'il n'ait besoin de la
poser...
N'oubliez
pas, le recruteur ou l'opérationnel ne vous connaît pas. Il ne veut pas se
tromper. Il ne veut pas perdre de temps. En fait, il ne veut pas vous
rencontrer. C'est comme le commercial qui vous appelle 15 fois par mois - à la
limite du harcèlement - pour vous vendre ses fameuses fenêtres. C'est très
énervant, quelqu'un vous appelle pour vous dire que votre fenêtre a un
problème, qu'elle ne respecte pas les normes, que vous devez la changer. Et
comme par magie, ce commercial détient la fenêtre magique pour votre belle
maison. Youpi ! Sauf que vous n'avez rien demandé. Tout comme l'opérationnel ou
le recruteur.
C'est
à vous de trouver les bons arguments pour convaincre cette
personne de VOUS rencontrer le plus rapidement possible.
Pour écrire son message d'approche, le demandeur d'emploi travaille le
"Comment". L'offreur
de services travaille le "Pourquoi".
Phase n°3
: La relation
Rentrer en
contact pour marquer les esprits...
Là
il y a encore une nuance entre le demandeur d'emploi et l'offreur de services.
Le premier fait une demande, le second crée une discussion.
Il
est très difficile de rentrer en contact avec quelqu'un lorsqu'on ne parle que
de soi.
Demandeur
d'emploi classique : "J'ai 10 ans d'expérience en pétrochimie"
Demandeuse
d'emploi classique : "J'ai travaillé sur une vingtaine de projets à forts
enjeux."
Demandeur
d'emploi classique : "Je connais très bien les processus dans votre
secteur d'activité"
Demandeuse
d'emploi classique : "Je suis très efficace, pragmatique, curieuse et
motivée !"
Vous
voulez provoquer une overdose chez votre interlocuteur ou quoi ?!! De plus,
énoncer des soft skills sans
les contextualiser, c'est-à-dire sans donner d'exemples concrets où vous avez
mis en œuvre ces compétences, est une erreur. Citer des soft skills que tout le
monde dit depuis des millénaires est une seconde erreur. Parenthèse fermée.
La
Communication, c'est avant tout une affaire de Relation
C'est
vrai ! Vous devez créer un échange, une discussion avec l'opérationnel ou le
recruteur. En Communication, il y a deux dimensions : le contenu,
le message, l'information transmise.
Et
la relation, l'interaction que vous créez avec l'autre. Le
sociologue Paul Watzlawick, membre fondateur de l'Ecole de Palo Alto, est clair
: la relation prime sur le contenu. En fait, on
s'en fout du message. Lorsque vous communiquez, le plus important c'est la relation que vous créez, l'impact que vous avez sur
l'autre.
Vous
serez d'accord avec moi, il vaut mieux laisser un souvenir positif dans la tête
de votre interlocuteur. Parler uniquement de vous donnera l'effet inverse.
Pour
créer la relation, en réalité c'est facile. Vous devez trouver un point commun entre vous et l'opérationnel.
La passion pour un métier ou un produit, une formation, une expérience passée
dans une même entreprise, un loisir,
une valeur... Toutes informations permettant de faire le lien avec votre
interlocuteur. Cela peut être des infos d'ordre professionnel ou personnel
(musique, sport, mode...).
Que
nous le voulons ou non, le recrutement a un caractère intime. L'entretien de
recrutement s'apparente vachement à une séance de psy ou un RDV amoureux. Vous
en connaissez d'autres moments où vous vous dévoilez à un parfait inconnu
? Parler de ses loisirs ou de ses valeurs en entretien
de recrutement est tout à fait normal. Peu probable d'être discriminé(e) parce que vous
aimez le triathlon ou les jeux vidéo. Une anecdote personnelle marque bien plus
qu'une anecdote professionnelle. Pourquoi ? Tout simplement, parce qu'on ne s'y
attend pas.
Une
fois que vous avez trouvé ce point en commun, allez-y mentionnez-le dans votre
message d'approche. Ainsi, le recruteur ou l'opérationnel prendra part à la
discussion. Il sera plus enclin à se dévoiler à son tour. 99% des gens en
entreprise adorent parler d'eux !
Vous
marquez des points par rapport aux autres candidats.
- Vous montrez que vous vous êtes
intéressé(e) à votre interlocuteur (ou à l'entreprise dans laquelle il
travaille)
- Vous créez un échange agréable
entre deux êtres humains.
- Vous donnez envie à votre
interlocuteur d'en savoir plus à votre sujet...
Bye
bye le demandeur d'emploi ! Avec tout ça, vous devenez un professionnel
entamant une discussion avec un autre professionnel. Vous n'agissez plus comme
les autres. Cerise sur le gâteau, vous développez votre réseau. Trop top !
Vous
devenez un offreur de services qu'on ne peut oublier...
J'ai
une bonne nouvelle pour vous : tout le monde peut devenir un offreur de
services.
Source: Une RH
qui vous veut du bien
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