Le cyclisme, un sport dangereux pour la sexualité masculine ? On pourrait
le croire à la lecture de diverses études alarmant sur les conséquences
sexuelles de ce sport. Les conséquences du cyclisme sur la
sexualité sont en effet bien réelles, et de plus en plus étudiées. Troubles de
l'érection, douleurs, diminution de la sensibilité au niveau du périnée... les
répercussions touchent aussi bien les hommes que les femmes.
Les conséquences du vélo sur la sexualité
masculine
La dysfonction érectile
Le Dr
Desvaux, sexologue, explique ainsi la survenue d'un trouble de l'érection:
"Il y a un conflit entre la selle et les os du bassin
(les ischions), où se situe le canal d'Alcock, un canal par où passent l'artère
et le nerf pudendal qui servent à l'érection. Donc si le nerf et l'artère sont
coincés trop longtemps et trop souvent, cela peut entraîner des lésions et donc
une dysfonction érectile".
Une méta-analyse datant de 2005 avait rassemblé les études
réalisées entre 1999 et 2004 pour synthétiser les données concernant les
cyclistes et les troubles de l'érection. Elles les expliquaient par la
compression du périnée et des artères vascularisant le pénis, induisant une
diminution de la perfusion de celui-ci, ainsi que par des lésions de
l'endothélium (la couche intérieure de l'artère en contact avec le sang). Une
autre étude, publiée en 2007,Bicycle riding, perineal trauma, and
erectile dysfunction, estime que le cyclisme, via un
traumatisme du périnée, du pénis et du pelvis, peut entraîner secondairement
une dysfonction érectile (par atteinte de l'endothélium des vaisseaux, du nerf
honteux, des corps caverneux du pénis).
"Le premier signe à alerter est souvent une difficulté
à uriner, détaille le Dr Desvaux. Les cyclistes professionnels le savent bien,
accompagnée d'une sensation de ne pas sentir son pénis. Donc même si l'on est
amateur, toute modification de la sensibilité du pénis doit faire consulter
!".
Pour déterminer à partir de quelle intensité de pratique
l'érection était menacée, des données extraites
de la grande étude Massachusetts Male Aging Study (MMAS) ont été analysées : le
résultat mentionnait 3 heures ou
plus de vélo par semaine. De quoi alerter les cyclistes du
dimanche qui partent souvent pour quelques heures… Pas de panique pour autant,
cette association doit tout de même être précisée, avec davantage de sujets.
Hygroma et troisième testicule…
D'autres lésions peuvent survenir chez les cyclistes après
une pratique intensive (plus de 10.000 km par an). Le Dr Menuet, médecin du
sport, y a consacré plusieurs articles dans le cadre du retentissement du vélo
sur le périnée et la sexualité ; ils sont consultables sur son site Internet de Conseils en médecine du sport.
L'hygroma est une inflammation d'une bourse
séreuse, un coussinet qui protège les tendons en regard de la tubérosité
ischiatique, un relief osseux situé au niveau des os du bassin, entre le
scrotum et l'anus. La compression répétée entraîne une tuméfaction rouge, qui
fait mal et la bourse se remplit alors de liquide synovial en réaction à
l'inflammation. Si l'hygroma est pris en charge rapidement, une infiltration de
corticoïdes peut suffire mais si ce n'est pas le cas, une intervention
chirurgicale sera nécessaire pour retirer l'hygroma.
Le troisième testicule est une autre lésion, atteignant comme
son nom l'indique la taille d'un testicule, parfois plus. Il survient chez les
cyclistes soumis à de grosses charges d'entraînements. Cette fois-ci, il s'agit
d'un nodule solide, qui ne contient pas de liquide, à l'inverse de l'hygroma et
qui se développe derrière les bourses. Sa taille peut gêner la pratique du
vélo, rendant l'assise sur la selle et le pédalage difficiles. Le traitement
fait appel aux anti-inflammatoire puis à la chirurgie s'ils sont insuffisants,
ajoute le Dr Desvaux.
La prostate aussi
Autre affection potentiellement liée au cyclisme : la
prostatite. "Je n'en ai jamais vu, relativise le Dr Desvaux, mais cela
peut jouer par le biais de la circulation sanguine. Ce n'est pas développé chez
les cyclistes du dimanche". Et d'après le sexologue, ce que l'on sait avec
certitude, à l'inverse, c'est que relâcher la prostate et mieux la
vasculariser, diminuent les symptômes urinaires".
D'après le Dr Menuet, le PSA, Prostatic Specific Antigen,
dosé pour rechercher un cancer de la prostate pourrait également subir une
augmentation à cause de la compression de la prostate lors de la pratique du
cyclisme. Il conseille par conséquent d'attendre un délai de troid jours de
repos cycliste pour doser le PSA. "En pratique, chez les gens qui ont un
PSA sans problème, je ne donne pas d'instruction particulière, évalue le Dr
Desvaux, hormis de ne pas avoir d'éjaculation (rapport sexuel ou masturbation)
la veille au soir. Mais chez ceux qui ont eu une activité cycliste importante,
je leur dis d'attendre un peu."
Que faut-il faire pour éviter cela ?
Hors de
question d'abandonner son vélo et de délaisser une activité physique de crainte
d'un retentissement sexuel ! Tout est question de mesure et quelques astuces
permettent d'assouvir sa passion en toute sécurité.
Afin d'éviter tous ces troubles, les recherches ont porté
sur l'amélioration des connaissances sur le design du vélo. Types de selles et
position du cycliste ont été étudiées et plusieurs études ont été publiées à ce
propos.
Bonne nouvelle, rassurent les auteurs d'une étude publiée en
2010 dans le Journal of Sexual Medicine (Bicycle Riding and Erectile Dysfunction) : en choisissant certains types de selle et de vélo, en
adaptant sa position sur le vélo, il est tout à fait possible de minimiser les
pressions sur la région périnéale.
Ce que confirme le Dr Desvaux : "Il y a des règles de
bonnes pratiques, avoir une selle adaptée, si on n'est pas un compétiteur de
haut niveau, remonter son guidon un peu puis tous les 10 km, rester debout sur
les pédales pour libérer un peu les choses. Et s'il y a le moindre trouble de
la sensibilité, il faut aller voir le médecin du sport".
Une selle choisie avec soin
En conclusion, la selle optimale est une "selle large, "à nez raccourci", non rembourrée et qui
permet un placement correct des os en s'asseyant dessus." La revue
systématique Erectile dysfunction and amatorial
cycling, datant de
2008, recommande que la partie postérieure de la selle soit aussi large que les
tubérosités ischiatiques (les os que l'on peut sentir saillir lorsque l'on est
assis), avec une selle adaptée à la morphologie du cycliste.
Un vélo de route
Ils conseillent également de délaisser les vélos de montage
(mountain bikes), associés à un risque plus élevé de dysfonction érectile, au
profit des vélos de route. Et ils vont même jusqu'à recommander le vélo couché,
tout en convenant que ce n'est pas une option très pratique ! Le moins que l'on
puisse dire en ville...
Un guidon réglé plus haut que la selle
Un réglage adéquat du guidon, au-dessus de la selle, est
essentiel : inutile de jouer les cyclistes professionnels, avec un guidon plus
bas que la selle, néfaste pour la sexualité. Positionner son guidon au-delà de
la hauteur de la selle est vivement recommandé.
Se mettre debout sur les pédales
Régulièrement, il est important de quitter la position assise pour se
lever sur ses pédales. Le but ? Libérer un peu le périnée, toutes les 10
minutes selon les auteurs de l'article.Source: allodocteurs
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